TERRITOIRES
La peinture de Freddy Duriès vibre de mystère et de souffles intérieurs , elle illumine sans éblouir . Ses toiles gigantesques se couvrent de brumes et d'invisibles présences qui affleurent et murmurent le langage de l'art abstrait dans un refus consommé de représenter la réalité visible des choses .
Les représentations de ses paysages tendent à ressembler plus à des abstractions de perpectives . Contraindre sa perception et l'osciller entre le définissable et l'indéfinissable . Batir sur une surface des contrastes de lumières qui se chevauchent . On est à la fois quelque part, peut être sur une plage à regarder le ciel et la mer, se confronter pour la paternité de l’horizon, et à la fois nulle part, juste une surface rectangulaire vibrante où rebondissent les mots.
Une vision fait fondre les formes solides en brumes de couleurs . C'est une planéité lyrique , le seuil et l'étendue . Un espace métaphysique sans ombre. Une expérience exogène , une quatrième dimension immobile , les tropiques qu'une cinquième saison . Des images vues par des yeux frottés ou éblouis. Des visions d'un pays rêvé et perdu , un monde sans lettre , une impression personnelle doublée d'un surréalisme personnel.
Une plage est, selon le désir de chacun, là où la mer finit , là où la mer commence . Le regard est une décision qui crée une vue : la ligne d’horizon esquissée, trait d’eau-céan et d’atmosphère, un infini en même temps qu’une barrière impossible.
“ Va voir à l’horizon ” nous dit-on, cela signifie clairement qu’on y trouvera personne, rien d’autre que la disparition.
Contre courant . Huile sur toile . 1,90 x 1,50 m . 2001
Fondation Écureuil ( Marseille )